Promenade

Je n'aime plus vivre vite. Je suis devenu trop fragile. Je marche comme je nage, lentement en me laissant porter par l'air, en flottant. Mes pas ne heurtent plus, la distraction me fait glisser mais rarement tomber.

J'aime m'égarer. Je sais presque où je vais et je sais presque pourquoi, je suis presque sûr de savoir comment : à contretemps, en rythme flou.

Et surtout je m'arrête. Pour regarder l'eau couler, l'herbe pousser, les nuages passer. Pour écouter le vent et les voix. Pour sourire et m'étirer. Pour vivre paresseusement. J'écoute et parle de plus en plus, à de moins en moins de gens. Je choisis.

Je me promène en dilettante, en congés de la vitesse, dès que je peux. J'oscille entre lenteur et impulsions, en lignes courbes.

J'ai le temps. Je me promène.