Epaves

Textes écrits entre 1992 et 1999, dont les premiers sur mon tout premier ordinateur.

Avignon, été 1992.

Un ciel noir et troublé annonça la venue de la tempête.D'abord une pluie battante,puis bientôt de la grêle, frappèrent les façades et les pavés des rues,comme si, des nuées, s'échappaient des pans entiers du ciel. (Quel hasard,à cette heure où j'écris, à nouveau me parviennent de sourds roulements annonciateurs d'un autre orage à venir...)

Cette grêle roula longtemps la colère du ciel que déchiraient des éclairs splendides ,de blanc,de bleu,de violet.Les claquements de la foudre s'achevaient en longs sifflements,comme d'un fouet gigantesque qu'aurait agité je ne sais quelle main colérique et cruelle. Nous restions aux fenêtres à écouter les roulements de tonnerre,les claquements des grêlons aux toits,les longues cascades de la pluie,yeux grands ouverts sur le ciel déchiré, tumultueux, enragé. L'orage battait la ville,nettoyant rues et trottoirs des immondices des hommes qui, eux, se terraient aux maisons secouées par le tonnerre. Dès le début de l'orage les oiseaux affolés par la grêle,la foudre,les éclairs tonnants,s'étaient enfuis à tire d'aile,pour chercher refuge dieu sait où. Et leur vol, long et rapide,sinueux aussi,comme évitant la grêle,était de panique animale.L'affiche à demi décollée,sur le mur d'en face,battait au vent,en longues gifles,la façade déjà délavée par la pluie,comme prête à s'arracher et à suivre les volatiles apeurés.Les rues désertées laissaient les ondées s'achever en elles, en longs et mugissants torrents,à l’égout débordantes, en gros bouillons, maelströms dévastateurs des peuples d'insectes ignorés, fourmis, blattes, arachnides noyées par ce déluge inévitable.

A l'éveil, tôt, déjà le soleil. En longue caresse Éveille les volets Aux façades accrochées De lentes raies Lumineuses En face au toit de tuiles D'un rouge inégal S'accroche le pigeon Quand criants dans le ciel Les martinets heureux Se poursuivent oublieux des sommeils L'homme dort encore